L’hippocampe et le cortex préfrontal anticipent nos émotions.
Le cerveau humain est comme une machine à prédire. Plutôt que de réagir simplement à ce qui se passe autour de nous, il anticipe constamment ce qui va arriver et tente de prévoir quelles émotions cela va susciter. Cela signifie qu’avant même qu’un événement n’ait lieu, notre cerveau commence à évaluer comment nous pourrions nous sentir. Cette capacité à anticiper est possible grâce à des mécanismes cérébraux sophistiqués, notamment deux structures principales : l’hippocampe et le cortex préfrontal.
L’hippocampe est une sorte de « bibliothèque » dans notre cerveau où sont stockées nos expériences passées, accompagnées des émotions qui leur sont associées. Par exemple, si un enfant a vécu une expérience effrayante avec un chien, son hippocampe enregistrera cette mémoire, liée à l’émotion de peur. Lorsqu’une situation similaire se présentera à l’avenir (un chien qui s’approche, par exemple), l’hippocampe pourra rappeler cette mémoire et « préparer » le cerveau à ressentir de la peur à l’avance.
Le cortex préfrontal, quant à lui, joue un rôle de « planificateur ». Il utilise les souvenirs stockés dans l’hippocampe pour évaluer les conséquences futures et anticiper ce qui pourrait se passer dans une situation donnée. Si une personne se trouve face à un chien, son cortex préfrontal va utiliser l’information passée (peur liée à l’expérience d’enfant) pour prévoir une réaction émotionnelle future.
Pourquoi deux personnes peuvent réagir différemment ?
Chacun de nous a un passé unique, et c’est là que se trouve l’explication des différences de réaction entre deux personnes face à la même situation. Imaginons deux individus face à un chien :
– La première personne a eu une mauvaise expérience avec un chien lorsqu’elle était jeune (par exemple, un chien l’a mordue). Son hippocampe contient cette mémoire liée à la peur, et son cortex préfrontal va anticiper une réaction émotionnelle négative (peur) face à un chien, même si celui-ci est calme.
– La deuxième personne, par contre, a grandi avec des chiens et a des souvenirs positifs associés à eux. Son hippocampe contient des expériences joyeuses et son cortex préfrontal va anticiper une émotion positive (plaisir, excitation) lorsqu’elle voit un chien.
Ainsi, même si les deux personnes vivent la même situation, elles réagiront différemment en fonction de ce que leur cerveau anticipe à partir de leurs expériences passées.
Imaginons maintenant qu’une troisième personne observe cette situation. Elle peut être déstabilisée par la différence de réaction entre les deux personnes. Pourquoi ? Parce que l’observateur, qui n’a pas les mêmes souvenirs et anticipations émotionnelles que les deux autres, peut avoir du mal à comprendre pourquoi l’une réagit par la peur et l’autre par la joie.
En résumé, nos réactions émotionnelles face à une même situation dépendent largement de notre passé et de la façon dont notre cerveau anticipe l’avenir. C’est grâce à des structures cérébrales comme l’hippocampe et le cortex préfrontal que nous pouvons « simuler » des événements à venir, en fonction des expériences vécues. C’est aussi cette anticipation qui explique pourquoi deux personnes peuvent réagir différemment et pourquoi cela peut surprendre ou déstabiliser un observateur extérieur.
Pensez-y…